Conservation du Singe à Ventre Rouge à Agonvè
Le 11 juin 2025, un atelier interactif a été organisé à Kpédékpo, dans la commune de Zagnanado. Cet atelier, mené avec succès par Stanislas Mahussi Gandaho et son équipe, a permis de lever de nombreuses interrogations et méconnaissances au sein de la communauté locale.
Évaluation pré-atelier
L’un des aspects innovants de cet atelier a été de se dérouler entièrement en langue fon et d’utiliser des supports matériels également en fon. Pour évaluer le niveau de connaissance de l’audience sur le sujet abordé, à savoir la conservation du singe à ventre rouge à Agonvè, M. Gandaho a commencé par poser une série de questions à choix multiples. Ces questions portaient sur la perception de la communauté quant à l’importance du singe à ventre rouge, son habitat, sa distribution en Afrique et les menaces qui pèsent sur lui. Ces mêmes questions ont été reposées à la fin de la séance, permettant de constater une nette amélioration du niveau de connaissance des participants.
Pour s’assurer que la communauté connaissait bien l’espace concerné, M. Gandaho a présenté quatre images de différentes espèces de singes et a demandé aux participants d’identifier celles qu’ils rencontraient souvent. 67 % (39 sur 58) de la communauté ont identifié la première espèce, le colobe vert olive (Procolobus verus) et 79 % (46 sur 58) des participants ont affirmé avoir vu le singe à ventre rouge (Cercopithecus erythrogaster) à Agonvè et ses environs. Ils ont précisé que cette espèce n’est pas présente dans le noyau de la forêt marécageuse, mais plutôt à la périphérie et vient dans les champs agricoles aux alentours. Ils ont également mentionné la présence du singe Mona, une espèce fréquente dans les zones humides, contrairement aux deux premières espèces qui évitent les zones fortement inondées.
Pourquoi protéger ?
Pour convaincre la communauté de l’importance de protéger les singes à ventre rouge, M. Gandaho a présenté les nombreux avantages de leur conservation. Ces avantages incluent le développement du tourisme, le maintien des pratiques culturelles, le rôle écologique de l’espèce dans la dispersion des graines et l’attraction d’autres espèces animales. La communauté a également été informée des dangers qui menacent cette espèce, tels que la chasse et l’agriculture, qui entraînent la déforestation de leur habitat. Les participants ont également soulevé le problème des dégâts causés par cette espèce dans les champs de maïs, où les agriculteurs proches de la forêt peuvent perdre entre un demi et trois quarts d’hectare de maïs en une seule journée. Ce problème avait déjà été évoqué lors de la première rencontre avec les chefs du village et les jeunes représentants. Il est crucial de trouver des solutions pour atténuer ce conflit homme-faune.
Quelques solutions envisageables ont été suggérées et seront mises en œuvre dès que M. Gandaho et Naben auront la certitude de la présence effective de cette espèce. Selon les résultats d’inventaire du premier mois, cette espèce n’a pas encore été détectée par les caméras, contrairement au singe Mona, qui est plus présent. Malgré ce conflit, les participants sont convaincus que les avantages de protéger cette espèce l’emportent sur les inconvénients. Comme l’a déclaré un participant : « Nous n’allons pas pourchasser le peu du dos de la main et jeter ce qui est dans la main. » Cette opinion a donné à M. Gandaho l’énergie et l’encouragement nécessaires pour aborder les actions à mettre en œuvre pour la conservation de la biodiversité à Agonvè et la protection de cette précieuse zone humide.

Parmi les actions envisagées, on trouve la restauration de la végétation par la plantation d’arbres, comme cela a été fait dans le cadre d’un projet antérieur exécuté par Naben sous financement de Play for Nature. M. Gandaho a également souligné la nécessité de mettre fin à la chasse, une pratique qui a heureusement reculé dans la zone, selon les observations et les confirmations de la communauté. Enfin, la communauté s’est montrée enthousiaste à l’idée d’éduquer les enfants, que ce soit à la maison ou à l’école. Ce dernier lieu sera particulièrement privilégié et fera l’objet d’une autre visite pour un atelier avec les enfants écoliers. La séance s’est terminée avec les mêmes questions de départ pour évaluer le changement de connaissances sur les enjeux de conservation du singe à ventre rouge et la protection de la zone humide d’Agonvè.
Excitation à la prise de parole
Cet atelier interactif a bénéficié de la participation active des membres de la communauté, qui ont été encouragés à prendre la parole. Pour stimuler leur participation, des questions subtiles ont été posées et les bonnes réponses ont été récompensées par des plants d’oranger de variété tangelo. Cette initiative a non seulement permis de maintenir l’attention des participants, mais aussi de leur laisser un souvenir tangible des pratiques à adopter, garantissant ainsi la durabilité des résultats de l’atelier.
Impact de l’atelier
Les résultats ont montré une amélioration notable de la compréhension des enjeux liés à la conservation du singe à ventre rouge. Par exemple, avant l’atelier, 89 % des participants pensaient que le singe à ventre rouge était une espèce de danger commune et non menacée, contre seulement 1 % après l’atelier. De plus, aucun participant ne pensait avant l’atelier que cette espèce était en train de disparaître, contre 100 % après, indiquant une prise de conscience accrue de la situation critique de l’espèce.
La reconnaissance de l’importance de la zone humide d’Agonvè a également été renforcée. Avant l’atelier, 97 % des participants reconnaissaient que cette zone offrait un habitat essentiel à la faune, un chiffre qui est passé à 100 % après l’atelier. De plus, la compréhension que la zone humide soutient à la fois la pêche et l’agriculture est passée de 88 % à 100 %, montrant une reconnaissance unanime des bénéfices économiques et écologiques de cette zone.
L’atelier a également permis de sensibiliser la communauté aux activités menaçantes pour l’habitat du singe à ventre rouge. Avant l’atelier, seulement 18 % des participants reconnaissaient l’agriculture non durable et la chasse non contrôlée comme des menaces, contre respectivement 98 % et 100 % après l’atelier. Cette prise de conscience accrue des dangers pesant sur l’habitat du singe à ventre rouge est cruciale pour la mise en œuvre de mesures de conservation efficaces.

Remerciement de M. Gandaho
Avoir un projet et trouver les moyens de le réaliser est une source de fierté. Cela permet de se sentir acteur du développement de sa communauté. C’est un immense plaisir pour moi de bénéficier du soutien de la Foundation Rufford pour ce projet. Cela me permet d’être en contact avec la communauté, de vivre leur réalité et de discuter avec eux des solutions envisageables. Je tiens à remercier sincèrement la Foundation Rufford. Je profite également de cette occasion pour remercier Naben, qui a mis ses membres à ma disposition en plus des membres de mon équipe pour atteindre les résultats escomptés. Je suis reconnaissant de la disponibilité de tous ces membres.